Bonne année 2017 @68tjs
bon - on ne sera pas d'accord mais c'est pas grave, c'est de la finance et pas de l'ingénierie :)
Bon - en fait non je ne peux pas me taire :) - faut pas s'arrêter à la propagande et faut regarder les chiffres sur la la thèse d'un écart croissant entre salariés et capitalistes...
Cette thèse se fonde sur le fait que la différence entre productivité et rémunération des salariés étant captée par "les capitalistes", la croissance de la rémunération du capital a été plus rapide que celle de l'économie, elle-même plus rapide que celle des salaires réels.
Ceci n'est valable que dans une économie où la totalité des fruits de l'activité productive revient aux salariés et aux capitalistes. Elle n'est vraie que si l'on se borne à lire les profits des entreprises et si on ne regarde pas le "net" perçu par les dits 'capitalistes".
Il faut distinguer les bénéfices et les dividendes reversés. Les bénéfices peuvent être partagés au sein de l'entreprise et peuvent servir à l'investissement, et les dividendes sont versés aux actionnaires. De plus en France, la Caisse des dépôts est l'un des principaux actionnaires et va récupérer des dividendes de différentes participations dans des entreprises françaises. Le fonds de réserve des retraites, qui sert à financer la caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES), touche aussi des dividendes. Donc les Français touchent aussi des dividendes ! Et d'ailleurs, l'État est l'un des grands bénéficiaires des dividendes des entreprises publiques... (et par le jeu croisé des participation d'entreprise chacun d'entre nous en bénéficie, à travers nos assurances-vie, nos SICAV, nos fonds communs de placement, la retraite etc)
De plus, si vous regardez réellement où va le profit, il va de plus en plus dans les caisses de l'état

Les cotisations sociales absorbant une partie de plus en plus importante du coût du travail total, la relation entre la rémunération nette des salariés et leur productivité a été brisée alors que le coût du travail est resté davantage en lien avec cette productivité
Si vous avez lu l'économiste français Thomas Piketty et son fameux livre "Le capital au XXIème siècle" où en première interprétation il dit que "un rendement du capital supérieur à la croissance et donc une progression des revenus du capital supérieure aux salaires réels. Ceux dont les revenus sont les plus élevés sont constitués dans une proportion plus importante que le reste de la population de revenu du capital. Ces mêmes revenus progressent plus rapidement que les autres revenus, notamment les salaires. Par conséquent, les revenus les plus élevés progressent plus rapidement que les autres. Le raisonnement semble imparable et souligne qu'un accroissement des inégalités serait inhérent au système capitaliste." mais si vous suivez un peu
ses communications il précise qu'il a analysé les inégalités jusqu'à la première guerre mondiale, et n'a pas abordé les cent dernières années. «
Je ne considère même pas que le modèle que j'ai utilisé pour analyser les inégalités jusqu'à la première guerre mondiale est l'instrument principal pour expliquer le développement des inégalités au XXIème siècle ». il a aussi dit "
l'inégalité des richesses est devenue moins extrême qu'il y a 100 ans"...
Si vous lisez les
rapports de l'OCDE, vous y verrez que Le constat final est d'autant plus pertinent si l'on ne s'intéresse plus exclusivement aux catégories les plus riches mais à l'ensemble des revenus : l'accroissement global des inégalités est lié avant tout aux évolutions des revenus du travail et l'écart entre capital et travail n'explique qu'une faible partie de l'évolution. L'OCDE avance
page 19 et 20 du document suivant deux explications principales à l'accroissement de la part des 1% dans le revenu total : l'apparition d'un marché mondial des compétences propices aux hauts revenus et les réactions comportementales aux diminutions des taux d'imposition marginaux
Le problème de la france c'est qu'elle n'a pas embrassé ce système de diminutions des taux d'imposition marginaux, elle les a même accélérés, creusant un fossé avec le reste des économies, encourageant la fuite des capitaux et l'usage de mécanismes d'optimisation fiscale...
Pour finir par un exemple concret du "vilain petit capitaliste" français, Mr Dupont, marié, deux enfants.
Imaginez Mr Dupont, un cadre sup qui gagne 150k€ par an, la cinquantaine, propriétaire d'un bel appartement parisien acheté dans les bonnes années et qui dispose d'un patrimoine investit en actions (= risque) de 2 millions d'euros, qui lui rapportent des dividendes au taux de distribution moyen de 3,4% soit 68,000 euros
Lorsqu'une société distribue tout ou partie de son bénéfice, le revenu distribué aux associés ou actionnaires est qualifié de dividende, imposable pour son bénéficiaire et les dividendes versés sont intégrés dans son bénéfice imposable taxé à 33,33 %.
donc pour payer 68,000 euros bruts de dividendes la société a déboursé 101 500€, 68k€ pour Mr Dupont et 33500 pour l'état.
Ensuite Mr dupont paye 15,5% de taxes sociales sur le gain 68k*15,5% = 10540€ pour l'état
Il profite d'un abattement de 40% (s'il a investi en france) et paye ensuite l'impôt sur le revenu. Comme il est riche et dans la tranche marginale à 45% pour les hauts revenus il va payer 68k*60%*45% = 18360 euros d'impôts en plus sur ses dividendes. S'il a investit hors europe il paye 34000 euros
Coût pour l'entreprise: 101500 euros - reste dans la poche de Mr Dupont 68000-10540-18360 = 39100€ et l'état (= les Français par la retraite, redistribution, sécurité sociale, fonctionnaires, etc...) a touché 62400€.
Mais tout ne s'arrête pas là.. Tout particulier est concerné par l'impôt sur la fortune (ISF) si la valeur de son patrimoine excède 1,3 million €. Et Mr Dupont étant fortuné, il est soumis à l'ISF... Son Appartement à 1million, abattement de 30% donc compté pour 700k€ + 2millions en bourse + voitures, meubles, ressources du conjoint etc = environ 3m d'euros de patrimoine et donc va devoir payer un impôt de 15 533 euros supplémentaires - majoritairement dû à sa position d'investisseur en action. s'il avait acheté des tableaux et pas soutenu des entreprises il n'aurait pas d'ISF. Sa position d'actionnaire donc va lui ramener en dividende 39100-15533 = 23567€
Au bilan. l'entreprise a payé 101500 euros pris sur son bénéfice. Mr Dupont a eu 23567 euros. l'état - donc les français par le jeu de la redistribution - ont eu 77933€. Les 2 millions placés en bourse de Mr Dupont lui rapportent donc 1,17%...
Pour se développer les entreprises ont besoin de capital... qui va apporter du capital aux entreprises pour ce taux de rentabilité?
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais prendre un risque boursier en action, sur la majorité de son patrimoine pour avoir une rémunération de 1,17% nette... ça vous paraît raisonnable? Maintenant projetez vous hors de france et regardez où Mr Dupont peut aller apporter ses talents...
Vous comprendrez pourquoi "les riches" (et on ne parle pas de fortune gigantesqes) s'en vont, ou travaillent moins, pourquoi les entreprises françaises souffrent, pourquoi l'emploi ne redémarre pas, pourquoi les jeunes qui le peuvent quittent la france pour aller chercher du boulot, pourquoi les investissements ne se font pas ou pourquoi les optimisations fiscales sont mises en place...
Trop d'impôt tue l'impôt - et le consentement à l'impôt...