Mon point de vue est simple : il n’y a pas de marché suffisant pour en vivre à titre individuel à l’heure actuelle si vous voulez en tirer un salaire d’ingénieur correct.
Il y a pléthore d’offres de kits bon marché sur internet, souvent livrés en 24 heures, et de ventes assurées par des professionnels déjà agréés et référencés auprès des organismes publics. Vous serez donc immédiatement en concurrence avec des acteurs établis qui bénéficient d’économies d’échelle et d’une notoriété que vous n’aurez pas au départ.
Pour tous les projets « classiques » que vous citez (serre connectée, domotique simple, petits montages électroniques), il existe des dizaines de tutoriels, de vidéos et de blogs qui fournissent gratuitement une information pertinente et souvent très détaillée.
Ceux qui veulent réellement apprendre disposent d’immenses ressources gratuites, y compris la possibilité d’échanger avec des communautés en ligne ou des bénévoles expérimentés. Ceux qui ne veulent pas apprendre ne paieront pas pour un support individuel à un tarif qui sera forcément perçu comme trop élevé. Et s’ils ne sont pas dans votre zone géographique où vous pourriez les aider si vous avez investi dans du matériel, ils ne vont pas investir dans un fer à souder, des composants et autres produits nécessaires ; ils se tourneront vers un produit du commerce, garanti, certifié, qui fonctionne immédiatement.
À cela s’ajoute un cadre économique et administratif contraignant. En France, l’activité indépendante suppose non seulement de payer les cotisations sociales et les impôts, mais aussi de financer des assurances professionnelles obligatoires, la responsabilité civile, voire une couverture pour les formations si vous en proposez. Ces charges fixes réduisent fortement la rentabilité, surtout si le chiffre d’affaires reste limité. À la fin, ce qui reste pour le salaire net est bien en deçà de ce que l’on peut espérer d’un poste salarié d’ingénieur.
Le succès du DIY repose précisément sur cette abondance d’offres peu chères et de ressources pédagogiques gratuites. C’est ce qui attire les passionnés et les curieux : ils peuvent expérimenter sans investir beaucoup, trouver des solutions immédiates à leurs problèmes et progresser par eux-mêmes. Cette dynamique collective réduit d’autant plus la place pour une offre payante individuelle, car la valeur ajoutée perçue reste trop faible face à la profusion de contenus disponibles en libre accès.
Un ingénieur peut rester en free-lance ou monter sa société de services, mais à mon avis son marché cible doit être constitué de clients professionnels et non du grand public. Les entreprises, laboratoires, start-ups ou collectivités locales ont des besoins spécifiques, nécessitent un accompagnement technique pointu et sont disposés à payer pour du conseil, de la conception sur mesure, de la formation ciblée ou de l’intégration de solutions complexes.
À l’inverse, et toujours selon mon regard sur le monde qui m’entoure, le grand public n’a ni la volonté ni le budget pour financer ce type de prestation, et se contente largement de produits standards ou de ressources gratuites.
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PS : il y a le marché des étudiants glandeurs qui n’ont pas travaillé pendant l’année et qui se réveillent tardivement pour rendre leur projet… ceux-là, généralement, ne trouvent pas d’aide sur les forums. Peut-être pouvez-vous taxer les parents pour faire le job à la place de leur chérubin… Ça ne fera pas de quoi vivre mais, si vous n’avez pas de déontologie ni de scrupules, ça peut payer une sortie dans un bon resto ou un week-end en vadrouille.